Une vidéo:
http://www.dailymotion.com/video/xd30bx_hommage-a-sotigui-kouyate_news
&
de Fespaco:
Le comédien et dramaturge burkinabè Sotigui Kouyaté s’en est allé le samedi 17 avril 2010 à Paris en France, des suites d’une maladie pulmonaire. Ce griot et grand homme de culture âgé de 74 ans, a touché à plusieurs métiers et avait du talent à revendre. Pionnier du théâtre burkinabé, Sotigui comme on aimait à l’appeler, a beaucoup apporté à la culture burkinabè. Dans les années 60, il était déjà une référence. Retour sur une vie bien remplie de cet homme exceptionnel.
Né en 1936 à Bamako au Mali dans une famille, de Griot, Sotigui Kouyaté a naturellement inscrit sa carrière dans la continuité de tradition des griots. Celle d’assumer les fonctions de mémoire, de conciliation et d’expression artistique, auprès des grandes familles et dans les circonstances importantes.
Comédien de théâtre et de cinéma, compagnon de Peter Brook pendant plus de dix ans, Sotigui était auparavant directeur artistique des Ballets de la Haute Volta, et celui de la compagnie théâtrale de la Volta et dirigeait un ensemble instrumental. Il a signé plusieurs mises en scène de théâtre, en France et en Afrique. Kouyaté a créé à Bamako, avec Jean-Louis Sagot-Duvauroux et Habib Dembélé, la compagnie du Mandéka théâtre, dont la première création est ” Antigone ” de Sophocle en septembre 1998.
Ce grand griot et acteur de renommée internationale, avec plusieurs cordes à son arc, a aussi exercé d’autres métiers. Il a été successivement, footballeur professionnel (capitaine de l’équipe nationale du Burkina Faso), chanteur (il a enregistré plusieurs chansons qui ont fait le hit des radios au Burkina), infirmier, menuisier ébéniste, dactylo à la Banque d’Afrique occidentale, puis directeur de sa propre compagnie de théâtre. Le théâtre lui a permit de faire ses premiers pas hors des frontières maliennes en 1985.
La carrière de Sotigui Kouyaté au cinéma débute toutefois en 1968, dans ‘’Protection des récoltes’’ de Jean David. Jusqu’à la fin des années 1970, il joue dans de petites productions, puis se révèle au grand public en 1985 dans le Mahabharata, montée par Peter Brook. Le cinéma français lui ouvre alors ses portes, en lui offrant des rôles dans des films comme ‘’Black mic mac’’ de Thomas Gilou en 1985, ‘’Y’a bon les Blancs’’ de Marco Ferreri en 1987, ou encore ‘’Un thé au Sahara’’ de Bernardo Bertolucci en 1989. En 1995, il joue dans ‘’Keita ! L’héritage du griot’’, un film long métrage de son fils Dani. Puis, en 2000, il tient le rôle principal de ‘’Little Sénégal’’ de Rachid Bouchareb, dans l’histoire d’un Dakarois qui s’embarque sur les traces de ses ancêtres américains.
Sotigui Kouyaté reste avant tout un Griot, malgré de nombreuses distinctions comme acteur : hommage du Festival international des journées théâtrales de Carthage, hommage du Festival international du film d’Amiens, Prix coopération française pour le cinéma pour l’ensemble de ses œuvres, hommage du Festival international des journées cinématographiques de Carthage, et récemment récompensé par l’Ours d’Argent pour son rôle dans “London River” de Rachid Bouchareb.
Sotigui Kouyaté avait un dernier objectif : celui de monter un théâtre intitulé ‘’Salina’’, qui regrouperait des comédiens de toute l’Afrique. Malheureusement, la mort l’a fauché avant qu’il ne puisse mettre à exécution cet ambitieux projet.
Père de plusieurs enfants dont le cinéaste Dani Kouyaté, le griot et comédien, le dramaturge et homme de théâtre ainsi que le patriarche s’en est allé, avec son talent et ses mille et une histoires à raconter.
Que la terre lui soit légère
Lucie Tiendrebéogo
FESPACO