Psychiatre désaliéniste/Anti-psychiatry psychiatrist
Comment il se comporte avec un patient?
“Comme un homme comme un sujet humain qui est un homme, à l’égard duquel les autres hommes veulent marquer une différence, or
toute différence marquée par des hommes à l’égard d’ autres hommes est un scandale. C’est le côté scandaleux de cette conduite de différences, avec exclusions, rejets, etc...“
« Pour moi, Eluard est un de mes maîtres dans l’art de la sympathie »
Quand il explique ce qu’est cet art de la sympathie, il le voit dans l’exercice de l’écoute et de l’écho.
How does he interact with a patient?
“I treat him like a man, a human being, instead of a person that others see as completely different from themselves. In fact,
all difference imposed by some against others is scandalous. That is the reprehensible aspect of this system with its exclusions, rejections, etc... “
« For me, Eluard is one of my masters in the art of sympathy »
When he explains what this art of sympathy is, he sees it as the practice of listening and echo.
Du site LireLucienBonnafe:
Portrait(s) de Lucien Bonnafé
On a beaucoup dit de la psychiatrie ou de la psychothérapie institutionnelle que les grands inspirateurs étaient Marx et Freud. Si on a fort peu dit à propos du désaliénisme, c’est simplement qu’on a fort peu parlé de celui-ci.
Au regard des deux sources du mouvement désaliéniste, on peut se réclamer de la psychanalyse comme du marxisme, sans devenir pour autant un désaliéniste accompli. Il est bon que me revienne ici un écho, qui me permet d’ouvrir mon propos : “Peu nous importe que l’on tire quelque parti que ce soit des intelligences les plus subversives, puisque leur venin merveilleux continuera de s’infiltrer éternellement dans l’âme des jeunes gens pour les corrompre ou les grandir” (Manifeste Surréaliste de 1927).
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Une biographie plus complète du psychiatre résistant
Une biographie sur Quercy.net:
Lucien Bonnafé en quelques dates
1930. Il appartient au groupe « surréaliste » de Toulouse avec son ami Marcenac. Il croise Aragon, Breton, Éluard, Buñuel, etc.
1934. Il est, avec Marcenac, condamné à 2 ans de prison avec sursis pour participation à une manifestation anti-fasciste interdite. Il adhère au Parti Communiste Français dont il restera membre jusqu’à sa mort.
1939-1944. Médecin psychiatre. Il succède à Balvet à la direction de l’hôpital de Saint-Alban à partir de 1942.
À ses cotés François Tosquelles, psychiatre et psychanalyste réfugié d’Espagne. L’hôpital de Lozère abrite malades, résistants et intellectuels réfugiés comme le poète Éluard et G. Canguilhem, le philosophe. Une deuxième génération s’y forme avec Chaurand, Jean Oury. Le « groupe du Gévaudan » inventera les éléments de psychothérapie institutionnelle.
1945. Aux côtés du ministre de la Santé A. Croizat, il impulse son « mouvement désaliéniste ». Il soutient, avec L. Le Guilland, Georges Mauco dans la création à Paris-Claude Bernard, du premier centre de consultation pour enfant d’orientation psychanalytique. À l’Évolution Psychiatrique il fréquente Henri Ey comme Eugène Minkovski et aussi Lacan qui ne dédaigne pas sa psychiatrie sociale.
1949. Il signe contre son gré, avec Serge Lébovici et Le Guilland, le manifeste « la psychanalyse, idéologie réactionnaire », manifeste impulsé par Sven Follin et imposé par la direction du PCF alignée sur le pavlovisme soviétique.
1950. Il énonce les « bienfaits de la leçon freudienne » au sein du PCF, malgré le scandale des bien-pensants, anticipant l’ouverture idéologique incarnée par Althusser.
1954. G. Daumezon et Germaine le Guillant fondent la revue Vie Sociale et Traitements destinée à accompagner la formation des infirmiers des hôpitaux psychiatriques dans les stages Ceméa et à soutenir le débat désaliéniste. Bonnafé fera partie des collaborateurs réguliers de VST-Ceméa jusqu’à la fin. Avec Gentis, Daumezon, Le Guillant, il participe aux travaux des Ceméa régulièrement.
1959. Le « groupe de Sèvres » réuni autour de Le Guillant, invente le concept de secteur. On y trouve : Bonnafé, Daumézon, Tosquelles, Diatkine, Torrubia, Oury, Duchêne, Million, Pariente, Lambert, Fernandez-Zoïla, Mignot. La circulaire du 15 mars 1960 consacre le secteur, sans pouvoir l’imposer.
1961. Les Éditions Sociales publient 27 opinions sur la psychothérapie. Le rôle psychothérapique de l’infirmier y est valorisé.
1975. Il ose dénoncer l’usage répressif de la « psychiatrie » d’État soviétique lors de la Fête de L’Humanité.
1977. Il prend sa retraite, honoré par les siens comme par l’Italien Franco Basaglia.
1981. Coopère à l’action de Jack Ralite, ministre de la Santé et publie Psychiatrie populaire au Scarabée-Ceméa.
1990. Il dénonce inlassablement l’idéologie eugéniste et la figure perverse d’Alexis Carrel et publiera en 1996 L’homme cet inconnu avec P. Tort (Éd. Syllepse). Il suit la réforme des lois de 1838, en refusant toute loi spécifique au malade mental.
2000. Il inaugure le Centre Lucien-Bonnafé à l’Hôpital de Corbeil-Essonnes. Un recueil de ses textes paraît en 2002 chez Érès sous le titre La Psychanalyse de la connaissance qui se réfère à Bachelard. Il participe fidèlement aux journées annuelles de Saint-Alban comme aux congrès des Ceméa.
2003. Il meurt le 14 mars, l’année de ses 90 ans.