Sur Hors-Champs avec Laure Adler.
Ce qu’Artaud demande c’est: que veut dire un acte de naissance? Une date? Une identité? «Il reprend ici la posture de Moïse: le face à face avec Dieu, mais en voulant le devancer. En lui disant en quelque sorte: je ne suis pas dupe! Il dit qu’il n’y a pas d’existence qui ne soit manipulée et plaide pour ce ‘Se laisser perdre’. Te perdre. T’y perdre…» C’est cette lecture de l’aliénation qui l’a tant passionné. L’aliénation liée au double jugement divin et d’autrui, et approprié comme jugement personnel. «La perte a chez Artaud le sens d’une force, d’une autonomie qui structure. Et écrire sur les corps lui sert avant tout à inventer un nouveau corps d’écriture.» Artaud cherche à construire une identité nouvelle qui ne serait plus un masque, qui ne serait ni réelle ni irréelle. «Il ne veut pas devenir un autre, mais autre. Un être en constante création.» Karelle Ménine.