No More Laughter in France – On Arrête de Rire en France
This is France’s September 11 – Le 11 septembre de la France
Le cœur de la France a été poignardé – The heart of France has been shot, execution style.
Among the twelve killed… Parmi les douze tués aujourd’hui… CABU & WOLINSKI – an institution –
An Interview with Cabu/Un Entretien avec Cabu
Also killed the artist Charb who had done this drawing: Toujours Pas d’Attentats en France – Attendez! We have until the end of January to make our wishes/Still No Attacks in France – Wait! We have until the end of January to make our wishes.
Another recent one by Charb
“If Mahomet came back… I am the prophet, you dummy! — Shut up infidel!”
Two by Cabu
Paru dans Paris-Match le 05 juillet 2012
Wolinski, Cabu: les papys font de la résistance
Interview François Lestavel Wolinski, 78 ans, fête 50 ans de dessins par une grande expo à la BNF. Cabu, 74 ans, croque «?La nouvelle France des beaufs?». Les deux amis n’ont rien perdu de leur verve?!
Paris Match. Vous vous êtes rencontrés dès 1960 à “Hara Kiri” , qui est devenu la référence de l’humour iconoclaste. Etait-on plus libres à l’époque?
Wolinski. Non, il fallait faire attention. D’ailleurs, on a été interdits deux fois, en?1962 et?1967, pour indécence.
Cabu. Il y avait une photo où l’on voyait un sein nu… Imaginez aujourd’hui?! Mme de Gaulle surveillait la presse et elle avait demandé au ministère de l’Intérieur de nous censurer.
Mais, dans les années 70, vous osiez des blagues impubliables aujourd’hui…
W. A l’époque, il est vrai qu’on faisait de l’humour sur la pédophilie, et ça ne passerait plus. On faisait même des dessins qui seraient considérés par certains comme antisémites. Mais comme je suis juif, c’est moi qui faisais les dessins sur les “youpins”.
C. En France, il y a toujours eu deux tabous, la religion et l’armée. Pour l’armée, ça s’est un peu tassé depuis que la conscription a été supprimée. En revanche, ça ne s’est pas calmé avec les religions. Autrefois, il n’y avait que les catholiques qui nous emmerdaient, désormais ce sont les trois religions monothéistes.
Quel est votre meilleur souvenir de ces années passées avec le Professeur Choron?
W. Au cours d’un déjeuner extraordinaire à Saint-Germain, quand le journal marchait très bien, il nous a déclaré?: “Mon comptable me dit que je gagne trop d’argent. Je double les salaires?!” De 15,000, je suis passé à 30,000 francs.
C. Georges a toujours su se faire payer. Heureusement, car il était chargé de famille. Mais Choron nous donnait de fausses fiches de paie. Quand Cavanna a demandé sa retraite, il y a quinze ans, on lui a dit qu’il lui manquait dix-neuf années de cotisations!
Wolinski, vous avez réalisé près de 600 affiches publicitaires, alors que Cabu s’y est refusé. N’avez-vous pas été considéré comme un “vendu”?
W. Cabu est un être pur, il est comme ça! Moi j’avais besoin d’argent, et la pub, ça ne me dérangeait pas. En 1968, un publiciste a eu l’idée de me demander des affiches pour le chocolat Mars. Je n’avais jamais gagné autant d’argent de ma vie, il m’a payé 5?000?francs le dessin. De gauchiste, j’ai été traité de “récupéré”, c’était le terme à l’époque.
C. Ça venait de l’extérieur, nous on n’a jamais osé, l’amitié nous protégeait. Moi, j’ai travaillé pour le chewing-gum Hollywood, et ils ont passé mes dessins vraiment partout. Là, c’était trop! On ne peut pas attaquer la société de consommation et en faire la pub. Après, j’ai arrêté.
Au cours de votre carrière, un rédacteur en chef vous a-t-il déjà censuré?
C. On a la chance de travailler pour des titres indépendants… enfin, moi ! Ce n’est pas de la censure, ce sont des choix. Au “Canard enchaîné”, ce sont les journalistes qui choisissent les dessins.
W. On choisit le journal pour lequel on travaille. Par exemple, j’avais envie de travailler pour Paris Match, et Reiser aussi, d’ailleurs. J’ai profité d’un voyage où Roger Thérond m’a demandé?: “Quand est-ce que vous revenez au ‘JDD’?” Pour lui répondre?: “C’est Paris Match qui m’intéresse?!” Un mois après, j’ai débuté.
Mais parfois, un dessin refusé peut être mal pris…
W. Cabu et moi, on n’est pas vraiment des provocateurs. On ne cherche pas la bagarre. On n’est pas comme Siné, pour qui un dessin qui n’est pas censuré n’est pas un bon dessin. On cherche à faire de bons dessins marrants, qui fassent rigoler les gens. Parfois, on va un peu trop loin, mais les gens aiment bien ça.
C. On a des procès. Mais quand on attaque les autres, il faut accepter d’être attaqué. Ce qu’on n’accepte pas, c’est des fatwas, des menaces de mort ou qu’on envoie deux cocktails Molotov dans la rédaction de “Charlie”…
Wolinski, êtes-vous d’accord avec la façon dont Cabu caricature les Français moyens?
W. Lui, il a trouvé les beaufs, moi, j’aime bien dessiner les femmes, je trouve ça plus agréable. Je les habille, je les déshabille, je fais voler leur jupe. Les mecs, j’ai appris à les faire. Au début, c’était forcément un type qui n’a pas de cheveux avec un gros nez. Maintenant, je m’applique plus, je fais des personnages qui ressemblent aux gens de la rue.
C. Je reconnais que si je conduisais, je serais, moi aussi, un beauf au volant…
Au cours des années, lequel d’entre vous est resté de gauche, et lequel s’est le plus embourgeoisé?
W. Etre de gauche, ça veut dire quoi ? Vivre comme un pauvre?? J’aime bien avoir un bel appartement, une femme élégante, des enfants bien élevés. C’est ça, être embourgeoisé?? Je n’ai pas envie de vivre comme un clodo.
C. Ce qui est important, c’est ce qu’on fait, pas ce qu’on est.
Y a-t-il des titres de presse pour lesquels vous refuseriez de dessiner?
W. “Le Figaro”?! J’ai refusé d’y travailler. La mentalité ne me plaît pas du tout. C. Il a raison. D’ailleurs, lorsqu’ils ont cherché à remplacer Jacques Faizant, ils n’ont trouvé aucun dessinateur de droite!
Donc, le dessinateur de presse est forcément de gauche…
C. Aujourd’hui, oui. Mais du temps de “L’Assiette au beurre”, la majorité était de droite. Ils étaient anti-dreyfusards, antisémites, mais étaient de très bons dessinateurs.
W. L’humour demande un manque de respect qui n’est pas de droite. La droite est sérieuse, respectueuse, elle a des convictions, une morale, elle croit en Dieu, elle est béate devant l’infini et le néant. Les humoristes s’en foutent, ils ont peur, et parfois ils se suicident comme Chaval et Bosc. C. Trop de lucidité…
Avez-vous envisagé votre retraite?
W. Je ne me vois pas m’arrêter. Ou alors pour me consacrer, comme je le fais en ce moment, à la peinture.
C. Tant qu’il y aura des journaux, non. On veut se bagarrer pour que la presse papier vive. Nous deux, on continuera encore longtemps à faire chier le monde.
[Nota Bene: Le père de Wolinksi avait été assassiné en Tunisie par un de ses employés/Wolinski’s father had been assassinated in Tunisia by one of his employees.]
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